GLOSSARY

MONOCULTURE : UN GLOSSAIRE

 

Agriculture

L'agriculture est la pratique de la culture de plantes et de l'élevage en tant que moyen d'existence. Il s’est agi d’un progrès essentiel au maintien de la civilisation humaine, car la culture et l’élevage d’espèces domestiquées a permis de produire d'abondantes quantités de nourriture, permettant aux gens de vivre dans des villes. L'agriculture à l'échelle industrielle, qui reposait sur les techniques de la monoculture, a dominé la production agricole au 20e siècle. Les plantes ont la capacité de s'adapter aux conditions de culture locales ainsi qu'aux besoins et aux gouts alimentaires de l'homme. Elles apportent aux populations tant la sécurité alimentaire qu’un bien-être physique et une satisfaction culinaire. En faisant se reproduire une même variété de plante avec elle-même pendant plusieurs générations, il est devenu possible de débarrasser chaque variété de presque toute variation génétique. C'est ce qu'on appelle la sélection végétale moderne, laquelle est en outre protégée par la loi. Depuis la convention de l’UPOV (Union pour la protection des obtentions végétales), qui a eu pour conséquence l'adoption, en 1962, d’une législation imposant des restrictions relatives à la propriété intellectuelle des nouvelles plantes, seules des plantes distinctes et officiellement reconnues peuvent faire l'objet d’une culture commerciale dans les pays signataires (dont l'ensemble des pays de l'Union européenne).

 

Allochtone

Le terme « allochtone » est d'origine grecque et signifie littéralement « d'un autre sol ». Ce mot n’était au départ utilisé qu’en géologie, en tant qu’adjectif signifiant « amené d’ailleurs », ou « formé à partir d’un matériau provenant d’un autre endroit ». Au début des années 1970, le terme d’« allochtone » a été introduit aux Pays-Bas en tant que nom, comme alternative plus neutre au terme d’« étranger » ou d’« immigrant ». Dans la Flandre des années 1960 et 1970, on employait les termes de « travailleur invité » et d’« étranger ». À partir des années 1980, le terme de « migrant » a gagné en popularité. Étant donné que de nombreux jeunes appelés « migrants » sont nés en Belgique, ce terme a été considéré comme non adapté, et depuis les années 1990, c’est le mot d’« allochtone » qui revient de plus en plus couramment dans le débat public, dans les milieux universitaires et dans les médias. Selon la définition officielle, une personne est considérée comme « allochtone » si au moins l'un ou l’une de ses parents est né·e à l'étranger. En outre, il y a une nuance importante dont il faut tenir compte : premièrement, on opère une distinction entre les allochtones de première et de deuxième génération ; deuxièmement, on distingue souvent allochtones occidentaux et non occidentaux. Depuis 2010, le terme d’« allochtone » est lui aussi considéré comme ayant une connotation négative. Plusieurs autorités et médias (notamment la ville de Gand ou le journal De Morgen) l'excluent aujourd'hui de leur communication.

 

Ambigüité

Le terme d’« ambigüité » vient du latin et signifie « entre deux côtés », « non résolu », « incertain », « indécis ». L'ambigüité se manifeste dans le langage, dans la pensée et en tant que propriété de nos expériences physiques. Elle peut s’appliquer à des objets, à des images, à des lieux, à des concepts, voire à d'autres personnes. Pour Emmanuel Kant, la philosophie occidentale s'est efforcée d'éliminer l'ambigüité. De leur côté, des philosophes tels que Søren Kierkegaard, Friedrich Nietzsche, Martin Heidegger et Simone de Beauvoir ont rejeté l'idéal d'uniformité, qui perdure encore dans les sciences naturelles. Aujourd'hui, l'ambigüité est un concept crucial pour les philosophes, les sociologues, les écrivain·es et les artistes qui s'opposent à des interprétations univoques de la réalité, sachant qu'être humain signifie aussi être fondamentalement ambigu ou irrésolu. La psychanalyste Else Frenkel-Brunswik a établi un lien entre notre tolérance aux choses ambigües et notre façon d'être dans le monde : plus nous sommes tolérants aux stimulus ambigus, plus nous sommes enclins à apprécier une société ouverte et tolérante.

 

Art

L'art peut être défini comme l'activité de création de formes visuelles, littéraires, performatives, décoratives et sonores qui expriment des facettes humaines telles que l'émotion, la beauté, l'opinion, le souvenir et la foi. Depuis que l'être humain a commencé à faire de l'art, celui-ci a été étroitement associé à la spiritualité et à l'adoration religieuse. On peut supposer que, dans le monde occidental, l'art a acquis son aspect moderne après avoir quitté la sphère religieuse pour adopter de nouvelles formes et valeurs esthétiques. Des philosophes comme Thierry de Duve tentent de comprendre ce qu'est l'art contemporain du point de vue ontologique, et considèrent que l'art est une catégorie d’expérience unique, qui a cependant un statut ambigu dans la société.

 

Assimilation

L'assimilation est le processus par lequel une minorité (un individu ou un groupe) est « absorbée » par un groupe dominant pour en devenir une partie. Les individus ou les groupes peuvent s'approprier les valeurs, le comportement et les croyances du groupe dominant, mais ils peuvent également à leur tour en influencer la culture ou y introduire leurs propres éléments. Il y a eu différentes formes d’assimilation culturelle au cours de l’histoire ; selon les circonstances et le type de groupe, cette évolution peut être rapide ou graduelle. L'assimilation est considérée comme complète lorsque les membres d'une société ne peuvent plus être distingués de ceux du groupe dominant. L'assimilation peut être forcée ou naturelle. L'assimilation forcée concerne principalement les groupes qui ont été colonisés pendant la période allant du 18e au 20e siècle. Ce type d'assimilation comprenait la conversion religieuse, l'imposition de nouvelles normes concernant le rôle devant être joué par les individus des différents sexes, l’accaparation des richesses locales par les puissances étrangères, et l'élimination des économies et des traditions locales. L'assimilation est souvent opposée au multiculturalisme, car le multiculturalisme aspire à permettre la coexistence des différences culturelles au sein d'une même communauté. En réalité, cependant, il s'agit d'une fausse polémique, car le multiculturalisme et l'assimilation peuvent très bien se produire de façon simultanée.

 

Capitalisme

Le capitalisme est un système économique et politique reposant sur la propriété privée des moyens de production, dans le but de produire des biens et des services destinés à être vendus sur le marché. Le capitalisme de libre marché (ou de « laisser-faire »), souvent considéré comme opposé aux principes du socialisme, qui redistribue les richesses par l'impôt, vise à restreindre au maximum l'ingérence de l'État dans les affaires économiques des individus et de la société. C'est le modèle traditionnellement prôné aux États-Unis, où la participation au système capitaliste est considérée comme synonyme de liberté. Le néolibéralisme, parfois appelé capitalisme « libéral » (par opposition à une économie de marché coordonnée), est considéré par certaines personnes comme un système idéal moderne, voire moral (Ayn Rand). Les critiques, cependant, le considèrent plutôt comme la principale cause de la hausse des inégalités entre les riches et pauvres, mais aussi comme un système non durable (à tous les niveaux), qui épuise les ressources naturelles et qui est synonyme d’exploitation. Le mot « capital » dérive de la racine latine caput, qui signifie « tête » (de bétail), qui a formé en latin médiéval le mot capitale, « biens meubles, montant de base ».

 

Communisme

Le communisme est à la fois une idéologie et un système socioéconomique et politique, qui a pour principe premier l'idée d'une propriété commune des moyens de production, en tant que fondement de l'égalité sociale. Au sein de la société communiste (qui se veut sans classe), chacun contribue selon ses capacités et reçoit selon ses besoins. Le communisme comprend une grande variété d'idéologies, de mouvements et d'écoles ; la doctrine la plus importante est celle issue des théories économiques et philosophiques de Karl Marx et de sa critique du capitalisme. Même si la possibilité de l'existence de pays ou de communautés communistes fait encore l'objet de discussions, du point de vue historique, le communisme est généralement associé au modèle politique et économique de l'ancienne Union soviétique et de ses alliés. 

 

Citoyen, sujet

Un citoyen est un individu qui est légalement membre d'une communauté sociopolitique souveraine, telle qu'un État-nation. Une personne peut avoir plusieurs nationalités, de nations différentes ; une personne sans citoyenneté est considérée comme apatride. Il existe une corrélation entre le statut de « sujet » et celui de « citoyen », même si le terme de « sujet » est plutôt réservé aux pays dont l'autorité principale est incarnée par un ou une monarque (« monarchie »). Historiquement, un citoyen jouit de droits civiques, alors qu'un sujet n'en a aucun, puisqu'il vit sous la domination d'un souverain.

 

Civilisation(s) 

Le terme de « civilisation » était particulièrement répandu jusqu'à la fin du 19e siècle et le début du 20e siècle, pour parler d'une culture et d'une société dites « avancées », en opposition aux cultures dites « primitives » ou « barbares ». Il peut également faire référence au progrès historique de l'humanité et à l'ensemble de ses réalisations dans tous les domaines. L’abandon graduel d'une perspective purement occidentale a mis en cause l’idée selon laquelle l’histoire n'évoluerait que de façon linéaire ; dès lors, on parle de « civilisations » au pluriel. Le concept de « civilisation » est également utilisé pour délimiter les grands ensembles culturels de l’humanité. Dans son ouvrage controversé, paru en 1996, The Clash of Civilizations (« Le Choc des civilisations »), le politologue états-unien Samuel Huntington déclare que, bien que l'ère des idéologies ait pris fin avec la conclusion de la guerre froide, le monde n’a fait que retomber à son état « normal » antérieur, caractérisé par le conflit entre les différentes cultures. D’après lui, le concept d’un monde divisé entre différentes civilisations (en comprenant le mot de « civilisation » en tant qu’ensemble culturel le plus large possible) deviendrait de plus en plus utile pour analyser les conflits potentiels. Il cite l’éclatement de la Yougoslavie et de la scission entre l’Inde et le Pakistan comme exemples de conflits civilisationnels.

 

Colonialisme

Le terme colonie vient du mot latin colonus, qui signifie « fermier ». Le colonialisme est une pratique de domination qui vise à soumettre un peuple à un autre, généralement afin d’assoir une suprématie économique. Au cours de la colonisation, les colons peuvent imposer leurs pratiques culturelles, leur religion, leurs conditions de travail et leur langue aux peuples autochtones. Le colonisateur tente de tirer parti des gens et des ressources de la région colonisée. Le colonialisme est fortement associé à la période coloniale européenne, qui a commencé au 15e siècle. Au départ, les pays colonisateurs européens suivaient une politique mercantiliste dans le but de renforcer l'économie de leur propre nation ; les colonies imposaient généralement des accords assurant un monopole commercial avec la nation colonisatrice. Toutefois, à la moitié du 19e siècle, l'Empire britannique a abandonné le mercantilisme au profit du principe de libre-échange. La Belgique a contrôlé le Congo belge de 1908 à 1960 (aujourd'hui la République démocratique du Congo), et le Rwanda-Urundi de 1922 à 1962 (aujourd'hui le Rwanda et le Burundi). Le Congo belge était d'abord connu sous le nom d'État libre du Congo, qui était la propriété personnelle du roi Léopold II, avant d’être annexé par l’État belge en 1908. Du 16e au 19e siècle, le système colonial européen comprenait la tristement célèbre « traite transatlantique », un commerce organisé par les marchands d'esclaves européens (originaires principalement de l’Espagne, de France, des Pays-Bas, du Portugal, du Royaume-Uni et de Suède) qui a eu pour conséquence la déportation de 10 à 12 millions d'esclaves africains vers les Antilles et vers l'Amérique du Nord et du Sud. Les missionnaires chrétiens étaient actifs dans la plupart des colonies contrôlées par les pays européens. On estime que les puissances coloniales contrôlaient 84 % de la superficie mondiale en 1914. Après la Seconde Guerre mondiale, ces puissances ont été contraintes de se retirer. Entre 1945 et 1975, presque toutes les colonies sont devenues indépendantes, et ont établi des relations postcoloniales avec les anciens pays colonisateurs.

 

Culture 

Le mot « culture » vient du mot latin cultura, lui-même dérivé de colere, qui signifie « cultiver ». La culture est un terme complexe utilisé pour décrire le comportement social, les normes et les activités dans les sociétés, dont les savoirs, les croyances, l'art, les lois, les coutumes, les traditions et les coutumes communément partagés. Les groupes sociaux élaborent leur culture via des processus locaux d’acculturation et de socialisation, comme en témoigne la diversité des cultures au sein des sociétés. Une « norme culturelle » sert de guide pour le comportement, la langue, l’habillement et les attitudes générales dans un contexte culturel donné. Accepter une monoculture unique au sein d'un groupe social peut comporter des risques : en effet, tout comme une plante peut dépérir lorsque son environnement se modifie, une telle société manquerait d'une capacité à faire face aux changements pour s’adapter. Un autre sens du terme « culture » est le niveau de sophistication d'une personne ou d’un groupe du point de vue des arts, de la science, de l'éducation ou des « bonnes manières ». Historiquement, ce concept a parfois été utilisé pour distinguer les peuples dits « civilisés » des sociétés moins complexes. Nous trouvons également cette perspective hégémonique de la culture dans la distinction opérée entre la « haute » culture de l’élite sociale et la « basse » culture des classes populaires.

 

Guerre culturelle

L'expression « guerre culturelle », est une traduction du terme allemand « Kulturkampf ». Il a été utilisé pour la première fois dans la seconde moitié du 19e siècle pour désigner la lutte de pouvoir entre l'Église catholique romaine et l’État allemand dirigé par le chancelier Otto von Bismarck. Aujourd'hui, ce concept est plus généralement utilisé pour désigner la lutte entre des valeurs culturelles contradictoires au sein d'une même société. Avec sa théorie de l'hégémonie culturelle publiée dans les années 1920, Antonio Gramsci, journaliste, philosophe et politicien italien marxiste a analysé la manière dont une société culturellement diversifiée est dominée par le groupe qui contrôle les médias, le système éducatif et les autres grandes institutions. Au début des années 1990, le sociologue James Davison Hunter a introduit le concept de guerre culturelle aux États-Unis pour décrire la polarisation de la société selon des lignes idéologiques, qui induit une lutte entre « conservateurs » et « progressistes ». En Belgique, on peut parler de « guerre culturelle » pour décrire les guerres scolaires du 19e et du 20e siècles, conflit qui a opposé l’école publique (laïque) à l’école catholique sur la question de l’enseignement de la religion dans le cursus scolaire et de son subventionnement.

 

Contreculture

Une contreculture est une culture ou une communauté dont les valeurs et les normes de comportement diffèrent sensiblement de celles qui prévalent dans la société, ou qui sont contraires à celles-ci. Certaines contrecultures peuvent prendre une telle ampleur qu’elles finissent par provoquer une évolution culturelle plus globale. Dans le monde occidental, on peut citer comme exemples historiques de contrecultures les non-conformistes français des années 1930, le mouvement hippie des années 1960, les punks des années 1970 et 1980, et le mouvement rave des années 1980 et 1990. Certains considèrent la permaculture, un système agricole durable, comme une contreculture. Des contrecultures peuvent survenir sur l'ensemble du spectre social et idéologique. Récemment, des phénomènes tels que l’alt-right (« droite alternative »), « Me Too » (dont le pendant français est « Balance ton porc ») ou « Black Lives Matter » (« La vie des Noirs compte ») aux États-Unis ont également été considérés comme des mouvements contreculturels.

 

Conservatisme

Le conservatisme est une philosophie politique et culturelle qui défend les institutions traditionnelles dans le contexte d'un groupe social. Bien que traditionnellement associé à la droite politique, ce terme est utilisé pour décrire un large éventail de points de vue. En fait, il n'existe pas d'ensemble fixe de politiques ou de principes considérés comme conservateurs, car le sens du conservatisme dépend de ce qui est considéré comme traditionnel dans un contexte donné. Cependant, nous pouvons identifier un certain nombre de principes centraux du conservatisme, tels que le respect des traditions, de l'autorité, des droits de propriété, la conservation du patrimoine, les institutions religieuses et (la plupart du temps) le parlementarisme, en insistant sur le besoin de stabilité sociale et de continuité. Le conservatisme social repose sur la conviction que la société a pour fondement des relations qui doivent être maintenues par la préservation de la moralité et de la morale sociale, et par la lutte contre les changements sociaux radicaux. Dans de nombreux pays, les conservateurs s’en tiennent à une définition traditionnelle des valeurs familiales et du mariage en tant qu’accord entre un homme et une femme, et adoptent des positions antiavortement et antiathées. Certains conservateurs sont aussi d’avis que l’art doit rester traditionnel, considérant la pratique artistique contemporaine comme quelque chose de progressif et donc de discutable.

 

Décolonisation

La décolonisation est le processus par lequel une colonie devient indépendante de son colonisateur. Le concept s'applique en particulier aux colonies qui sont devenues indépendantes des puissances coloniales européennes dans la seconde moitié du 20e siècle. (Même s’il existe encore beaucoup de colonies aujourd'hui.) Au nom du droit fondamental à l’autodétermination, la décolonisation est un concept qui reste revendiqué de nos jours, même au sein d’États indépendants, notamment par certains peuples autochtones en quête d'autonomie. La décolonisation est parfois confondue avec le décolonialisme. Or, il s’agit de deux concepts distincts, même s’ils sont étroitement liés l’un à l’autre. Le décolonialisme est une philosophie qui se concentre sur la production d'idées et de connaissances qui évitent et qui combattent les points de vue eurocentriques ou hégémoniques. Il critique l’universalité affirmée du savoir occidental et la prétendue supériorité de la culture occidentale. Du point de vue décolonial, l'impérialisme occidental repose donc aussi sur une hégémonie culturelle.

 

Éthique

L'éthique est une branche de la philosophie qui a pour objet une réflexion critique sur les concepts moraux, les valeurs et les notions de bien et de mal dans la société, ainsi que la défense et le développement de ces concepts, valeurs et notions. Comme le montre l'étymologie du terme (« ethos » signifie « norme » ou « habitude » en grec), l'éthique cherche à définir ce qu’est la « bonne » action. L'éthique couvre un vaste domaine, du bien-être animal aux droits de l'homme, en passant par la guerre, les pratiques politiques et publiques, voire l'expression artistique. L’éthique diffère également souvent d'un groupe social à l'autre. L’éthique politique consiste à porter un jugement moral les actions et les acteurs politiques. Aux États-Unis, on parle aussi d’« éthique du secteur public ». Il s'agit d’un ensemble de principes auxquels doivent se conformer les fonctionnaires et les institutions publiques dans leur service au citoyen.

 

Ethnie

L'ethnie est une catégorie qu'un groupe de personnes utilise pour s’identifier et se distinguer d’autres groupes de personnes, en tenant compte de caractéristiques partagées qui pointent vers une origine commune (attestée ou présumée). Le groupe est défini en fonction de caractéristiques partagées ou héritées, telles qu’une histoire, une mythologie, une patrie, une langue ou une religion, mais aussi des coutumes et des rituels communs, des plats, des vêtements, des arts ou des métiers. Les individus peuvent quitter un groupe ethnique pour en rejoindre un autre, en changeant de langue, en s'assimilant ou en se convertissant. De ce point de vue, l'ethnie peut être qualifiée de construction culturelle.  Le terme « minorité ethnique » est utilisé pour désigner les groupes ethniques qui vivent dans un pays ou une région où ils forment une minorité. Les ethnographes et les psychanalystes identifient l'ethnocentrisme comme un trait fondamental de l'autoritarisme, voire de l'extrémisme.

 

Ethnonationalisme

L'idée politique centrale de l'ethnonationalisme (ou nationalisme ethnique) est que le peuple d’une nation peut être identifié sans ambigüité comme appartenant à un même groupe ethnique. Loin de considérer l’ethnie comme une construction culturelle, l'ethnonationalisme en fait une interprétation essentialiste et nationaliste. L’ethnonationalisme guide les membres de groupes ethniques et de nations très divers ; il s’agit d'une forme d'identification homogène de plus en plus politisée. Dans de nombreux pays, ce processus a lieu dans le contexte de débats concernant le multiculturalisme.

 

Europe

L'Europe est le sous-continent occidental du supercontinent Eurasie. C’est au 9e siècle qu’apparait une définition culturelle de l'Europe, pour distinguer la sphère d’influence de l'Église catholique romaine de celles de l’islam et de l'Église orthodoxe orientale. L'Europe, en particulier la Grèce antique, est considérée comme « le berceau de la civilisation occidentale ». Le nom « Europa » provient de la mythologie grecque. Il s’agit à l’origine du nom d'une princesse phénicienne enlevée par Zeus et amenée en Crète.

 

Liberté

La liberté est la notion d'« être libre » et d’« agir librement ». Nous retrouvons ce concept dans des phénomènes sociaux et politiques et dans des constructions tels que les droits civiques, le libre arbitre, la liberté d'expression, la liberté politique et l'autonomie dans la vie et la société. De nombreux États instaurent la liberté et veillent à ce qu'elle soit garantie comme un droit. La liberté est un terme politisé et controversé. C’est ainsi qu’aux États-Unis, il existe des groupes libertaires pour qui le concept de liberté fait primer l'autonomie personnelle sur le pouvoir de l'État : le droit à la propriété, à l’enrichissement personnel, ou le droit de porter des armes.

 

Genre

Le terme « genre » a été créé pour désigner la construction sociale de la masculinité et de la féminité, par opposition à la notion de sexe biologique. Dans la plupart des cultures, le genre est une catégorie binaire : garçon ou fille, homme ou femme. Cependant, certaines sociétés ne se limitent pas à une division entre « homme » et « femme », mais comprennent un troisième genre, voire un quatrième. Il en va ainsi des hijras d’Asie du Sud. Pour les personnes qui se trouvent hors de la division binaire, on emploie les termes généraux de « genderqueer » ou de « non-binaires ». La philosophe Judith Butler propose quant à elle la théorie de la « performativité du genre ». Selon elle, la masculinité et la féminité sont continuellement recréées par des actions et par des structures langagières répétées, et ne sont reconnaissables qu’en tant que répétition ou qu’en tant que motif. Selon Butler, il n'y a pas d'identité de genre fondamentale qui précède le langage et les actions : ce sont nos actions qui font que nous nous comprenons, nous-mêmes comme autrui, en tant que corps et individus d’un genre donné.

 

Mondialisation

La mondialisation est le processus d'interaction et d'intégration mondial entre les personnes, les économies et les États. Bien que de nombreux et nombreuses analystes considèrent que la mondialisation est un phénomène propre aux temps modernes, d'autres retracent son histoire sur plusieurs siècles, voire millénaires. Ce terme lui-même est apparu au début du 20e siècle et s’est largement diffusé dans les années 1990. La mondialisation s'est accélérée depuis le 19e siècle sous l'effet des progrès technologiques, en particulier dans le domaine de la communication et des voyages. Il s'agit avant tout d'un processus d'harmonisation économique qui est également lié à la migration et à l'échange de connaissances. La mondialisation a été et est critiquée pour plusieurs raisons : on accuse les opérations et les institutions de la mondialisation de se substituer aux États-nations et les multinationales de mettre en place des relations de néocolonialisme qui exploitent les ressources naturelles, tandis qu’elle entrainerait un énorme déséquilibre des richesses, qui provoque des tensions entre les classes. On associe aussi souvent à la mondialisation des problèmes environnementaux tels que le réchauffement climatique et la pollution mondiale de l'eau et de l'air, ainsi que les risques de pandémie.

 

Hétérogénéité, homogénéité

Du point de vue social, le mot « homogénéité » est utilisé pour décrire l'état d'uniformité d'une société, notamment en ce qui concerne les ethnies, les cultures et les pratiques sociales en son sein. Dans ce contexte, l'hétérogénéité fait référence à une société ou à un groupe comprenant des personnes ayant différentes origines ethniques, genres, opinions politiques et autres traits. Hétérogénéité et homogénéité ne s’excluent pas forcément l'une l'autre, car un groupe hétérogène peut toujours se comporter de façon homogène, et vice versa.

 

Identitarisme

L'identitarisme est la croyance en l'existence de différentes identités culturelles homogènes, qui doivent être protégées. L’identité joue un rôle crucial dans la délimitation de soi, dans le contexte d’une société donnée ou de la culture nationale à laquelle on s'identifie. Cette dernière se fonde avant tout sur une race unique (ou perçue comme telle), et est intrinsèquement liée à des facteurs tels que la religion, la culture et le territoire géographique. Dans sa forme radicalisée, l’identitarisme vise à protéger le concept monoculturel de sa propre société, et recherche de supposés adversaires à combattre, considérés comme vecteurs de changement, voire comme une menace pour la nature d'une identité nationale ou régionale. Les identitaristes tentent de lutter contre leur présence et même, dans les cas extrêmes, de les éradiquer. On trouve une utilisation précoce de ce terme chez les sociologues et les anthropologues français qui parlent de « repli identitaire » (le retour à un « entre-soi ») chez les immigrés qui ne se seraient pas suffisamment intégrés (et qui exercent la discrimination) et chez la classe ouvrière de la population « indigène » (pour des motifs racistes).

 

Immigrant

Un immigrant est quelqu'un qui déménage, pour y vivre et pour s’y installer, dans un nouveau pays ou une nouvelle localité dont il n’a pas immédiatement la citoyenneté. Partout dans le monde, des personnes migrent pour toutes sortes de raisons socioéconomiques, souvent pour vivre dans le pays de destination grâce à un permis de séjour permanent ou en tant que citoyen naturalisé, ou simplement pour y travailler en tant que travailleur migrant. Des personnes migrent également pour demander l'asile en raison de persécutions, de génocides, de guerres ou de marginalisation sociale dont elles sont victimes. L'immigration est un phénomène qui a cours depuis les débuts de l'histoire de l'humanité, et qui a joué un rôle fondamental dans la formation et dans le développement des sociétés du monde entier.

 

Indigénisation

Les peuples indigènes sont souvent identifiés comme les descendants des premiers habitants d'une région spécifique. Ils étaient présents lorsque les gens d'une culture ou d'un groupe ethnique différents de ceux de leur région sont arrivés d'autres parties du monde, ont conquis la région et les premiers peuples, et s’y sont installés. Le terme « indigène » est entré en usage dans les années 1990, lorsque de nombreuses populations colonisées se battaient contre l'extermination, contre le génocide et contre l'acculturation forcée. Les peuples et communautés indigènes sont placés sous la structure étatique du groupe dominant (étranger à leur structure sociale) et forment souvent des minorités au sein de la population actuelle. Ils s'efforcent donc de préserver leurs coutumes, leurs traditions et les autres aspects de leur identité ethnique, et de préserver leurs territoires ancestraux, dans le but de pouvoir les transmettre aux générations futures.

 

Individu

Un individu est une personne qui existe en tant qu'entité distincte avec une personnalité unique. L'individualité est le fait ou la qualité d’être un individu, distinct des autres et ayant ses propres besoins, sa propre imagination, ses propres désirs, droits et responsabilités. Le concept d’« individu » se rencontre dans divers domaines, dont la biologie, le droit et la philosophie. L'individualisme est un concept philosophique qui met l'accent sur la primauté morale de l'individu par rapport au collectif et au gouvernement. L'individualisme est synonyme d'autodétermination et d'autonomie, et peut également faire référence à la personnalité (intérêts artistiques, mode de vie, etc.).

 

Intégration

L'intégration est un processus social par lequel les nouveaux arrivants ou minorités sont intégrés dans la structure sociale d'une société d'accueil. L'assimilation est le processus par lequel un groupe minoritaire adopte les normes sociales et les attitudes de l'hôte. De même, l'intégration peut être basée sur le principe de l'acculturation, un changement culturel causé par la rencontre de différentes cultures. L'intégration nécessite une adaptation et une participation au sein d'un groupe de population afin de parvenir à une société stable, par la coexistence et la cohérence des relations sociales.

 

Internationalisme

L'internationalisme est un principe culturel ou politique qui prône une plus grande coopération entre les nations et les peuples. Il est parfois associé à des mouvements politiques et idéologiques, même si on peut également aspirer à l'internationalisme dans un contexte apolitique. L'internationalisme repose sur la conviction que les gens doivent s'unir au-delà des frontières nationales, politiques, culturelles, de race ou de classe, pour le plus grand bien de tous. L'internationalisme se caractérise parfois par une résistance au nationalisme ou à l'isolationnisme, et encourage le respect mutuel entre les cultures. L'internationalisme est l'une des caractéristiques les plus importantes de l'art contemporain depuis les années 1990, lorsque le monde de l'art occidental s'est ouvert aux artistes, aux pratiques et aux scènes d'autres parties du monde.

 

Sexualité

La sexualité est la capacité d'être actif en tant qu'être sexuel et de l'exprimer, y compris face aux autres. Cela signifie que les individus font l'expérience de l’érotisme et recherche leur(s) orientation(s) sexuelle(s), ce qui se manifeste sur les plans biologique, émotionnel ou social. Les opinions diffèrent quant à l'origine de l'orientation sexuelle d'une personne, et suivent souvent des lignes idéologiques. C’est le fameux débat du « nature versus nurture » (orientation « innée » ou « acquise »), qui cherche à définir si la sexualité est déterminée par des facteurs socioculturels ou par l'instinct biologique. Les courants dominants de nombreuses grandes religions comme le christianisme, le judaïsme et l'islam considèrent l'homosexualité comme un péché. Cependant, les mouvements de libération des personnes homosexuelles du 20e siècle ont lutté pour donner que les personnes homosexuelles (tout comme les autres personnes qui ne se considèrent pas comme étant hétérosexuel·les) bénéficient de droits civiques et d'une protection.

 

Politique des identités

La politique des identités est un terme qui fait référence aux mouvements culturels et sociaux qui militent pour plus de visibilité, de justice et d’égalité pour certains groupes d’individus d'une certaine race, d'un certain genre, d'une certaine orientation sexuelle, d’une certaine classe sociale, ou d'une certaine religion (ou tout autre facteur d’identification), et qui, en raison d’une injustice sociale, subissent une marginalisation. La politique des identités vise donc à apporter des changements sociaux et politiques en accroissant la visibilité de ces groupes. La politique des identités est considérée comme un moyen particulier de parvenir à une société progressiste, sociale et libre. Ce terme fait également référence aux méthodes utilisées par les mouvements artistiques des années 1970 et 1980, tels que le mouvement des artistes noirs et le mouvement féministe aux États-Unis et au Royaume-Uni, mouvements qui connaissent également un certain renouveau aujourd'hui.

 

Idéologie

Une idéologie est un système d'idées qui exprime les intérêts, les idéaux, les croyances et la vision globale de certains groupes. L'idéologie appelle à l'action, visant soit à conforter une division existante du pouvoir dans la société, soit à exiger une transformation radicale. Les idéologies peuvent devenir des forces géopolitiques dominantes. Les idéologies dominantes du 20e siècle ont été le national-socialisme (ou nazisme) le communisme et le capitalisme. Différentes idéologies sont souvent en concurrence au sein d'une même société, et se manifestent dans des groupes qui s’identifient en tant que « conservateurs » ou « progressistes », ce qui se traduit souvent par des préférences politiques. Ce terme a souvent une connotation négative. Il représente alors une conscience sociale collective imaginée, ou un endoctrinement.

 

Langue

La langue est un système de communication structuré. Les linguistes estiment qu'il existe entre 5000 et 7000 langues humaines dans le monde. Ces estimations sont cependant inexactes, car elles ne distinguent dialectes et langues que de façon aléatoire. Les langues évoluent et se diversifient au fil du temps, formant des familles de langues. La famille indo-européenne est la plus parlée ; elle comprend des langues aussi diverses que le portugais, le russe, l'ourdou, l'anglais, le néerlandais et le farsi. D'un point de vue sociolinguistique, la langue peut jouer tant un rôle d’unification que de division dans la société. L'anglais est considéré comme la lingua franca la plus importante au monde. Le philosophe belge Philippe Van Parijs a élaboré le concept de « droit linguistique » comme remède au privilège dont jouit l'anglais. La justice linguistique comprendrait plusieurs mesures, dont une taxe linguistique payée par les pays anglophones, ainsi que d'autres mesures visant à protéger les langues plus faibles. Les langues se développent traditionnellement dans le cadre d'une culture, mais il existe également des exemples de langues artificielles. L’intention de leurs créateurs est de créer une nouvelle lingua franca, ou un langage universel. L'espéranto en est l'exemple le plus connu.

 

Libéralisme, progressisme

Le terme anglais « cultural liberalism » (« libéralisme culturel ») fait référence à une vision progressiste de l’éthique et de la société, pour laquelle les questions socioculturelles telles que l'égalité sociale, les droits des minorités, le droit à l'avortement, la liberté sexuelle, la liberté de religion et la liberté d'expression jouent un rôle central. Ce terme pose souvent des problèmes aux traducteurs européens, car en Europe, le mot « libéralisme » a une signification plus politique et économique. Le « progressisme » s’en rapproche cependant, et quelqu'un qui serait considéré comme « libéral » aux États-Unis serait qualifié de « progressiste » chez nous. Cependant, les deux concepts se recoupent, puisqu'il existe des libéraux européens qui se disent progressistes du point de vue social, et qui partageront de nombreuses valeurs avec, par exemple, les sociaux-démocrates sur des questions telles que le droit à l'euthanasie, la libéralisation des drogues douces, l'égalité des droits pour les membres de la communauté LGBT, etc. Henry David Thoreau, philosophe du 19e siècle, comprenait le libéralisme comme une vision de la société qui met l'accent sur des individus libres de toute norme culturelle prédéfinie et ayant le droit de « vivre leur vie comme ils l’entendent ». Les « libéraux culturels » croient en une société ouverte et tolérante, et estiment que la société ne devrait pas imposer de codes de conduite aux individus. Ils estiment défendre le droit d'exprimer son individualité, tant que cela n’offense pas autrui. Dans ce sens, le « libéralisme » peut également se rapporter à la perception humaine et à l'ouverture à de nouvelles expériences.

 

Modernité

La modernité, en tant que sujet des sciences sociales et humaines, est à la fois une période historique (« l’époque moderne ») et un ensemble de normes, d'attitudes et de pratiques socioculturelles spécifiques nées de la transition des communautés dites « traditionnelles » aux sociétés modernes. La modernité, souvent associée à la rationalité, couvre un large éventail d’évolutions historiques et de phénomènes culturels, allant de l’art à la production d’aliments en passant par la tactique de guerre. On entend aussi par là l’expérience existentielle de ces phénomènes, et leur incidence sur la culture, sur le travail, sur les institutions et sur la politique. La modernité inclut également les relations sociales dans la vie sous le capitalisme, et les changements d'attitudes, en particulier via la sécularisation et la vie dite « postindustrielle ». En sciences sociales, la modernité est également comprise comme une période historique au cours de laquelle se développent certaines normes, attitudes et pratiques socioculturelles, dont les germes avaient déjà été posés à la Renaissance et à l’époque des Lumières, au 18e siècle. Dans l'art, la modernité est étroitement liée au modernisme esthétique et à des mouvements tels que l'existentialisme. À la fin du 19e et au début du 20e siècle, l'art moderne est devenu un mouvement dominant en Europe occidentale et en Amérique du Nord. En général, ce mouvement a cherché à créer de nouvelles formes d'art exprimant mieux le nouveau monde industriel émergent. Une particularité du modernisme est la conscience de ses propres traditions artistiques et sociales, mais aussi l'expérimentation et l'utilisation de techniques qui rationalisent les procédés et les matériaux utilisés dans la production d'œuvres d'art. La tentative d'expliquer la relation entre les différences géoculturelles est un enjeu fondamental pour comprendre la condition de la modernité. Par exemple, la croyance en l'universalité supposée de la modernité a été critiquée par le postmodernisme, et la domination du modernisme, ainsi que son exportation à partir d'Europe occidentale et des États-Unis vers d'autres continents, a été déconstruite par la théorie postcoloniale.

 

Monoculture

En termes sociaux, la monoculture peut être définie comme un mode de vie homogène, expression d'un groupe social ou ethnique particulier. En tant que pratique politique, le monoculturalisme cherche à protéger une culture nationale en en excluant les influences extérieures. Cela peut parfois signifier une croyance en la supériorité de son propre groupe dominant sur certaines minorités. Dans ce contexte, le monoculturalisme peut entrainer un processus d'assimilation qui pousse les groupes minoritaires à s'adapter à la culture et aux pratiques dominantes, ce qui homogénéise la culture. Tout comme le mot « culture », le mot « monoculture » provient de l'agriculture. Il s’agit de la pratique consistant à élever une seule race animale ou à cultiver une seule culture. Cette technique a abouti à la culture de plantes qui sont en fait des clones, censés constituer la forme « originelle » ou « pure » de la plante. La monoculture est largement employée dans l'agriculture industrielle et biologique. Elle a permis d’accroitre l’efficacité dans la production et d'obtenir de meilleurs rendements, tout en augmentant le risque d'exposition à des maladies ou à des ravageurs.

 

Multiculturalisme

Le multiculturalisme peut être défini comme la diversité des expressions et des modes de vie au sein d’un groupe social particulier. En tant qu'idéologie sociopolitique, le multiculturalisme prône un respect égal pour les différentes cultures au sein d'une société, reconnaissant et promouvant la diversité culturelle et ethnique. Politiquement, le multiculturalisme peut être défini comme la capacité d'un État à gérer efficacement la pluralité culturelle à l'intérieur de ses frontières. Le multiculturalisme est considéré comme un processus naturel ou artificiel au sein de la société d'une nation ou d'une entité géopolitique plus vaste. Il peut survenir à grande échelle en conséquence de migrations à l’échelle mondiale (légales ou illégales). Les groupes qui bénéficient souvent du plus d’attention dans le cadre du multiculturalisme sont les aborigènes, les groupes ethniques indigènes ou autochtones (littéralement « de leur propre pays »), ainsi que les groupes ethniques descendants de colons.

 

L'État-nation

Un État-nation est une entité politique régie par un État qui exerce son pouvoir sur un territoire délimité et qui entretient des relations internationales avec d'autres États. C'est la paix de Westphalie qui, tout en mettant fin aux guerres de religion européennes en 1648, a dressé le plan d'un nouvel ordre politique fondé sur les principes de la coexistence d’États souverains et de l'autodétermination nationale. Une nation peut également inclure une diaspora ou des réfugiés vivant en dehors de son territoire. Certains États sont des États souverains, tandis que d'autres sont soumis à la souveraineté ou à l'hégémonie d'une puissance extérieure, comme dans le cas d'une colonie, dont l’autorité suprême réside dans un autre État. Un État dans lequel aucun groupe ethnique ne domine peut être qualifié d’État multiculturel.

 

Nationalisme

Le nationalisme est à la fois une idée et un mouvement. L'objectif est de protéger les intérêts d'un groupe particulier de personnes qui s'identifient à un pays en particulier. Le nationalisme affirme que chaque nation doit se gouverner elle-même, au vu du principe d’autodétermination. En général, ses adhérents aspirent à la construction d'une identité nationale unique, fondée sur des caractéristiques sociales partagées sur les plans culturels, ethniques, géographiques, linguistiques, politiques, religieux et coutumiers, ainsi que sur la croyance en une histoire commune et unique. Le nationalisme cherche donc à préserver et à promouvoir les cultures traditionnelles d'un pays ; de nombreux renouveaux culturels ont été associés aux mouvements nationalistes. Le nationalisme se combine souvent à d'autres idéologies, telles que le conservatisme national ou le socialisme. Le nationalisme ethnique définit la nation en termes d'ethnie, de patrimoine et de culture partagés. Le nationalisme bourgeois définit une nation par une citoyenneté, des valeurs et des institutions partagées, et est lié au patriotisme constitutionnel. Dans Imaginary Communities (« Communautés imaginées »), livre de 1983 donnant une analyse historique du nationalisme, le politologue et historien Benedict Anderson décrit la « nation » comme une communauté socialement construite, dans laquelle les gens s'imaginent faire partie d'un groupe, influencés en cela par des stéréotypes et des images perpétués dans la presse. Le nationalisme, écrit-il : « est imaginé parce que même les membres de la plus petite nation ne pourront jamais connaitre, rencontrer ni entendre la majorité de leurs compatriotes, cependant que l'image de leur communauté vit dans l'esprit de chacun d’entre eux et d’entre elles ». Le nationalisme peut également être considéré comme l'opposé de l'internationalisme, et donc au renforcement de la coopération politique ou économique entre les nations.

 

Autre

Le concept de « l'autre » est l'une des principales catégories philosophiques et socioculturelles. Bien que la définition et l'interprétation de ce terme varient, il se réfère, dans le sens le plus général, à la relation entre un sujet et une autre personne ou groupe de personnes qui sont définis comme « non-soi ». La différence (le fait d’être différent) est étroitement liée aux processus de marginalisation et de subordination des personnes « « étrangères » à l'identité sociale dominante. En philosophie (notamment pour la phénoménologie et l’existentialisme) la rencontre avec l'autre est considérée comme un élément crucial dans la formation du « soi », même si la relation avec l'autre est souvent considérée comme antagoniste. Selon le critique d’art et historien Thomas McIvilley : « Chacun, dans son propre soi (« in its sameselfness »), se connait et est inconnu de l'autre. Chacun, dans sa différence, est connu de l'autre et inconnu de lui-même. […] Non seulement l'autre est un mystère pour le soi, l'autre est aussi un mystère du soi. […] Le soi ne peut jamais atteindre l'autre, mais ne peut s’en passer. […] Le soi a tendu la main vers voile de l'autre, et a tremblé en se voyant lui-même. L'autre se glisse sous la peau du moi, pour y devenir son désir et son horreur. » Ce concept, souvent compris dans le contexte d'une relation binaire dominant-dominé, a également joué un rôle historique dans les études postcoloniales et portant sur le genre.

 

Art brut

Le terme controversé d’« art brut » (équivalent du terme anglais « outsider art », ou « art marginal ») fait référence à des pratiques artistiques idiosyncrasiques, souvent d'artistes autodidactes ou « naïfs », travaillant en dehors des limites de l'art conventionnel. Au début, ce terme était principalement associé à l'art produit par les patients des services de psychiatrie ; il a cependant été étendu à plusieurs autres pratiques marginalisées. Les relations entre l'art brut et le monde de l'art « normal » sont ambivalentes. Cependant, les mérites de cette « forme d’art » ont été vantés par de nombreux artistes modernes, en particulier les surréalistes, qui se sont non seulement inspirés de l'art brut, mais l’ont également exposé à côté de leurs propres œuvres. Néanmoins, l’art brut reste généralement présenté dans un contexte distinct, et dans ses propres cadres de référence. Le terme d’« art brut » est controversé parce que les psychanalystes considèrent la créativité et la vulnérabilité psychiatrique comme des domaines étroitement apparentés, et considèrent donc le terme de « brut » ou de « marginal » comme une fausse catégorie.

 

Populisme

Le populisme peut être défini comme une attitude et une stratégie politiques visant à opposer les citoyens, ou « le peuple », à une élite politique dominante qui les exploite et qui agit dans un sens contraire à l’intérêt général. Le populisme n’est pas propre à la gauche ou à la droite, ni typique de l’une ou de l'autre. Les populistes sont convaincus que le changement politique et social doit être obtenu par l'action directe des masses : c'est leur opinion qui compte. Lorsque les populistes de droite accèdent à des postes de pouvoir dans les démocraties libérales, ils sont souvent responsables de reculs démocratiques. Notamment parce qu'ils sapent le travail des institutions indépendantes telles que les médias ou le système judiciaire, qu’ils considèrent comme des ennemis de la volonté du peuple.

 

Race

Historiquement, le terme de « race » désignait les caractéristiques physiques communes à un groupe de personnes, telles que (entre autres) la couleur de peau. Le concept de race n’a cependant aucun sens physique ou biologique intrinsèque ; bien que nous parlions parfois de « race humaine » en tant que synonyme de l'espèce Homo sapiens ou la sous-espèce Homo sapiens sapiens, c’est-à-dire l’humain moderne. Il y a aujourd’hui un large consensus scientifique selon lequel les conceptualisations essentialistes ou typologiques de la « race » sont indéfendables. De nos jours, on utilise donc de plus en plus souvent la « race » pour désigner une construction sociale. Le concept de « race » étant fortement lié aux théories discréditées de l'eugénisme et du racisme scientifique, il est désormais principalement considéré comme un système de classification pseudo-scientifique. En 1795, le médecin allemand Johann Friedrich Blumenbach a décrit cinq types humains : blanc, mongol, éthiopien, américain et malaisien ; les blancs étant les plus attrayants de tous. Le terme de « caucasien » désigne normalement uniquement les personnes vivant dans la zone montagneuse entre la mer Noire et la mer Caspienne. Cependant, selon la définition audacieuse donnée par Blumenbach, il englobe toutes les personnes originaires d’Europe, du Moyen-Orient, d’Inde et d’Afrique du Nord. Cette taxonomie humaine vague a eu des conséquences durables, puisque le mot « caucasien » est encore utilisé de nos jours, particulièrement aux États-Unis, en tant que terme pseudoscientifique pour décrire les Blancs aux racines européennes (même si cet usage est controversé). En Allemagne, on débat encore régulièrement du mot « Rasse ». Contrairement à l'anglais, où « race » est de plus en plus utilisé pour désigner une construction sociale, la « Rasse » allemande conserve une connotation d'essence biologique.

 

Religion

La religion est un système socio-culturel qui comprend des pratiques, des conceptions du monde, des rituels et des types d'éthique qui positionnent l'homme comme le destinataire d’enseignements provenant d’ordre d'existence transcendantaux ou spirituels, de dieux ou du divin. La religion et l'adhésion à la foi s’expriment par différentes pratiques dans le monde entier, telles que les rituels, les sermons, l’initiation, les cérémonies commémoratives, la méditation et la prière. Les religions abrahamiques sont des doctrines et des communautés religieuses qui prétendent tirer leur origine des pratiques des anciens Israélites, en particulier les enseignements du patriarche Abraham. Ce sont des religions sémitiques originaires du Moyen-Orient actuel. Les trois plus grandes sont le christianisme, l'islam et le judaïsme. Dans le monde entier, les plus grandes religions sont le christianisme, l'islam, l'hindouisme et le bouddhisme. Cependant, selon certaines estimations prudentes, il y aurait environ 4200 religions dans le monde, et de nouvelles religions et dénominations continuent de naitre. L'athéisme est le déni de l'existence de dieux ou de divinités. Dans certaines sociétés modernes, il existe une multitude de formes d'incrédulité et de foi.

 

Syncrétisme

Au sens large, le syncrétisme fait référence à la fusion de différents phénomènes ou de principes opposés. Ce terme est souvent utilisé en théologie et en philosophie pour décrire une fusion de différentes croyances, pratiques et courants. Les mouvements syncrétiques rencontrent souvent la résistance des systèmes de croyances dominants et sont également dénoncés par eux ; dans un tel contexte, ce terme s'accompagne alors d’une nuance négative. En politique, le syncrétisme se réfère à l'idée d'une « troisième voie », qui combine les approches de courants politiques contradictoires dans le but de les réconcilier.

 

Société

Une société est un grand groupe de personnes qui nouent entre elles des relations et des interactions sociales continues, qui partagent généralement le même territoire spatial ou social, qui ont les mêmes attentes culturelles et qui relèvent de la même autorité politique. Une société a également sa propre infrastructure économique, sociale, industrielle ou culturelle. Une société peut également être décrite comme la somme des relations mentionnées ci-dessus. Les sociétés élaborent des modèles de comportement en considérant tel ou tel acte, tel ou tel propos, comme acceptable ou inacceptable ; c’est ce qu'on appelle les « normes sociales ». Les sociétés, tous comme leurs normes, évoluent graduellement et continuellement. L'ancienne Première ministre britannique Margaret Thatcher rejetait la notion de société au profit de celle de l'individu ; elle se conformait ainsi à sa vision néolibérale, pour qui l'individualisme joue un rôle central. C'est dans ce cadre qu’elle a prononcé ces célèbres paroles : « Ils accusent la société d’être responsable de leurs problèmes. Mais vous savez, la société n’existe pas. Il y a des hommes, il y a des femmes, et il y a des familles. Et aucun gouvernement ne peut faire quoi que ce soit, si ce n’est par l'intermédiaire des gens. C’est aux gens à prendre soin d'eux-mêmes avant tout. Il est de notre devoir de prendre soin de nous-mêmes d'abord, et de nos prochains ensuite. »

 

Tiers monde

Le terme « tiers monde » a été inventé pendant la guerre froide par le démographe français Alfred Sauvy pour parler des États qui n’étaient pas alliés de l’une des deux grandes puissances (et systèmes économiques) des deux « blocs » : l'Occident et l'Union soviétique. La plupart de ces pays étaient des pays dits « en développement », dont de nombreux pays au passé colonial en Afrique, en Amérique latine et en Asie. C'est aujourd’hui ce dernier sens qui a surtout pris le dessus. Le tiers monde s'inscrit également dans une certaine division économique mondiale entre pays du « premier monde » et pays dits « périphériques ». Ces derniers étaient dominés par les pays du « premier monde », qui formaient le noyau de l’économie mondiale. Depuis la chute de l'Union soviétique, le terme de « tiers monde » est largement considéré comme obsolète et péjoratif. Il a graduellement fait place à d'autres termes non moins problématiques tels que « pays en développement » ou « pays du Sud ».

 

Tolérance

La tolérance est la capacité, l'attitude et la volonté de rejeter l'intolérance et d'accepter des croyances, des opinions, des idées, des pratiques et des attitudes autres que les siennes propres. Ce terme a une connotation progressiste. En Occident, il est souvent utilisé en relation avec les communautés de migrants. Dans ce cas, il peut y avoir un rapport de force clair : la communauté dominante fait preuve de tolérance envers les minorités, mais les minorités doivent accepter la culture dominante plutôt que la tolérer.

 

Totalitarisme

Le totalitarisme est un système politique ou une forme de gouvernement qui interdit les partis d'opposition, réprime l'opposition à l'État et exerce un degré extrêmement élevé de contrôle sur une société. Le totalitarisme cherche à contrôler à peu près tous les aspects de la vie sociale, de l'économie, de l'éducation, de l'art, de la science, de la vie privée et de la moralité, et est considéré comme la forme la plus extrême de l'autoritarisme. Les régimes totalitaires sont souvent caractérisés par la répression politique, l'absence d'institutions démocratiques, le culte de la personnalité et le contrôle économique, la censure, les limites à la liberté de mouvement, et l'utilisation généralisée du terrorisme d'État. D'autres aspects d'un régime totalitaire sont la mise en place de camps de concentration, la persécution religieuse et des minorités, et, potentiellement, les massacres et les génocides perpétrés par l’État. Dans The Origins of Totalitarianism (« Les Origines du totalitarisme »), paru en 1951, la philosophe politique Hannah Arendt écrit : « le sujet idéal du régime totalitaire n'est pas le nazi engagé ou le communiste engagé, mais les pour qui on cessé d'exister la distinction entre fait et fiction (c'est-à-dire la réalité de l'expérience) et la distinction entre vrai et faux (c'est-à-dire les critères de la réflexion) ».

 

Universalisme 

L'universalisme est un concept philosophique pour lequel existent des faits « universels » pouvant être découverts. Il s'oppose au relativisme qui suppose que tous les faits ne sont que relatifs et n’existent qu’en fonction d’un certain point de vue. Il affirme qu'il existe des normes générales, des valeurs, des systèmes éthiques, etc. qui s'appliquent à tous les peuples et à toutes les cultures, quel que soit le contexte dans lequel ils se trouvent. Il peut s'agir de besoins humains, de droits ou de mécanismes biologiques et psychologiques ; les normes reposent sur l'idée que toutes les personnes sont fondamentalement égales. L'universalisme a été critiqué par les penseurs postmodernes et postcoloniaux, qui trouvent que l’idée selon laquelle certaines idées ou valeurs s’appliqueraient vraiment universellement manque d’éléments probants. Dans son livre European Universalism: The Rhetoric of Power (« L’Universalisme européen : la rhétorique du pouvoir »), paru en 2006, le sociologue et historien économique Immanuel Wallerstein considère l'universalisme comme un successeur du colonialisme, qui permet de parler au nom des pays en développement et justifie l’ingérence dans les affaires d'autres pays. Wallerstein montre comment le monde occidental a tenté à plusieurs reprises de créer des valeurs universelles depuis l’âge des Lumières, qu’il s’agisse du modernisme, une tentative d'inventer un langage (ou un État) universel, ou de l'idée des droits de l'homme. Selon lui, l'universalisme peut être vu comme le passage de la perspective stéréotypée de l’Occident vis-à-vis de l'Orient (qu’Edward Saïd appelle « orientalisme ») à un sens occidental de quelque chose de partagé, mais auquel la personne non occidentale peut ne pas toujours correspondre. L’Occident ayant attribué l’universalisme au statut du droit naturel, il a également le droit d’intervenir dans les pays qui ne le respecteraient pas, soit par l’aide au développement, soit par l’intervention culturelle, voire par la guerre.