MONOCULTURE: CASE STUDIES
AGRICULTURE
L'agriculture est la pratique de la culture de plantes et de l'élevage en tant que moyen d'existence. Il s’est agi d’un progrès essentiel au maintien de la civilisation humaine, car la culture et l’élevage d’espèces domestiquées a permis de produire d'abondantes quantités de nourriture, permettant aux gens de vivre dans des villes. L'agriculture à l'échelle industrielle, qui reposait sur les techniques de la monoculture, a dominé la production agricole au 20e siècle. Les plantes ont la capacité de s'adapter aux conditions de culture locales ainsi qu'aux besoins et aux gouts alimentaires de l'homme. Elles apportent aux populations tant la sécurité alimentaire qu’un bien-être physique et une satisfaction culinaire. En faisant se reproduire une même variété de plante avec elle-même pendant plusieurs générations, il est devenu possible de débarrasser chaque variété de presque toute variation génétique. C'est ce qu'on appelle la sélection végétale moderne, laquelle est en outre protégée par la loi. Depuis la convention de l’UPOV (Union pour la protection des obtentions végétales), qui a eu pour conséquence l'adoption, en 1962, d’une législation imposant des restrictions relatives à la propriété intellectuelle des nouvelles plantes, seules des plantes distinctes et officiellement reconnues peuvent faire l'objet d’une culture commerciale dans les pays signataires (dont l'ensemble des pays de l'Union européenne).
AMBIGUITY
Ambigüité
Le terme d’« ambigüité » vient du latin et signifie « entre deux côtés », « non résolu », « incertain », « indécis ». L'ambigüité se manifeste dans le langage, dans la pensée et en tant que propriété de nos expériences physiques. Elle peut s’appliquer à des objets, à des images, à des lieux, à des concepts, voire à d'autres personnes. Pour Emmanuel Kant, la philosophie occidentale s'est efforcée d'éliminer l'ambigüité. De leur côté, des philosophes tels que Søren Kierkegaard, Friedrich Nietzsche, Martin Heidegger et Simone de Beauvoir ont rejeté l'idéal d'uniformité, qui perdure encore dans les sciences naturelles. Aujourd'hui, l'ambigüité est un concept crucial pour les philosophes, les sociologues, les écrivain·es et les artistes qui s'opposent à des interprétations univoques de la réalité, sachant qu'être humain signifie aussi être fondamentalement ambigu ou irrésolu. La psychanalyste Else Frenkel-Brunswik a établi un lien entre notre tolérance aux choses ambigües et notre façon d'être dans le monde : plus nous sommes tolérants aux stimulus ambigus, plus nous sommes enclins à apprécier une société ouverte et tolérante.
EUGENICS
NAZISM
COLONIALISM
Colonialisme
Le terme colonie vient du mot latin colonus, qui signifie « fermier ». Le colonialisme est une pratique de domination qui vise à soumettre un peuple à un autre, généralement afin d’assoir une suprématie économique. Au cours de la colonisation, les colons peuvent imposer leurs pratiques culturelles, leur religion, leurs conditions de travail et leur langue aux peuples autochtones. Le colonisateur tente de tirer parti des gens et des ressources de la région colonisée. Le colonialisme est fortement associé à la période coloniale européenne, qui a commencé au 15e siècle. Au départ, les pays colonisateurs européens suivaient une politique mercantiliste dans le but de renforcer l'économie de leur propre nation ; les colonies imposaient généralement des accords assurant un monopole commercial avec la nation colonisatrice. Toutefois, à la moitié du 19e siècle, l'Empire britannique a abandonné le mercantilisme au profit du principe de libre-échange. La Belgique a contrôlé le Congo belge de 1908 à 1960 (aujourd'hui la République démocratique du Congo), et le Rwanda-Urundi de 1922 à 1962 (aujourd'hui le Rwanda et le Burundi). Le Congo belge était d'abord connu sous le nom d'État libre du Congo, qui était la propriété personnelle du roi Léopold II, avant d’être annexé par l’État belge en 1908. Du 16e au 19e siècle, le système colonial européen comprenait la tristement célèbre « traite transatlantique », un commerce organisé par les marchands d'esclaves européens (originaires principalement de l’Espagne, de France, des Pays-Bas, du Portugal, du Royaume-Uni et de Suède) qui a eu pour conséquence la déportation de 10 à 12 millions d'esclaves africains vers les Antilles et vers l'Amérique du Nord et du Sud. Les missionnaires chrétiens étaient actifs dans la plupart des colonies contrôlées par les pays européens. On estime que les puissances coloniales contrôlaient 84 % de la superficie mondiale en 1914. Après la Seconde Guerre mondiale, ces puissances ont été contraintes de se retirer. Entre 1945 et 1975, presque toutes les colonies sont devenues indépendantes, et ont établi des relations postcoloniales avec les anciens pays colonisateurs.
Les expositions coloniales et les zoos humains
Exposition Internationale Coloniale, Maritime et d'Art Flamand, Antwerpen, 1930
Apartheid
NÉGRITUDE
Négritude
Pendant l’entre-deux-guerres, la négritude s’est imposée en tant que mouvement littéraire et culturel émancipateur conçu par les intellectuels francophones de la diaspora africaine qui aspiraient à une réévaluation de la culture africaine. Léon-Gontran Damas était un poète et homme politique français qui, avec Aimé Césaire et Léopold Senghor, fut l’un des fondateurs du mouvement de la négritude. Son anthologie contient des poèmes d’auteurs francophones originaires de six régions : Afrique subsaharienne, Antilles (Guadeloupe et Martinique), Guyane, Indochine, Madagascar et Réunion. L’anthologie de Léopold Senghor a bénéficié d’une importante reconnaissance grâce à l’essai introductif de Jean-Paul Sartre, « Orphée noir ». Sartre décrit la négritude comme un « racisme antiraciste ». Dans un article, Gabriel d’Arboussier, homme politique franco-sénégalais, a qualifié la négritude de mouvement réactionnaire en raison de son « particularisme ». Les arguments de d’Arboussier ont servi de base à toutes les critiques ultérieures de ce mouvement. Senghor a également produit une série de livres intitulés Liberté. Comme mentionné dans son introduction, ce titre fait référence au thème de ces textes : la « conquête de la liberté en tant que [...] défense et illustration de la personnalité collective des peuples noirs : de la négritude. »
SOVIET UNION
La politique nationale soviétique
La culture des nationalités, élaborée en URSS sous le concept de « forme nationale, contenu socialiste », était considérée comme l’arme la plus importante dans la lutte contre l’antagonisme entre les différentes nations soviétiques elles-mêmes. Ce concept restait assez vague pour permettre au régime soviétique de mettre en œuvre des politiques telles que la latinisation des cultures islamiques traditionnelles, tout en menant campagne contre le « chauvinisme grand-russe », en soutenant les minorités ethniques et en faisant la promotion des langues locales au travail et à l’école. Dans les arts, cette politique a pris des formes encore plus particulières.
Le réalisme socialiste
Le réalisme socialiste était un phénomène artistique et une « méthode créative » née en Union soviétique. Cette méthode a été érigée au rang de doctrine lors du premier congrès des écrivains soviétiques, en 1934. Devenue seule pratique artistique autorisée, elle a été appliquée à toutes les formes d’art. Le réalisme socialiste est souvent caractérisé comme un style. Or, il ne rentre que difficilement dans cette catégorie, vu son absence évidente d’un langage artistique clairement articulé, ou plutôt, en raison de la suppression systématique de toute caractéristique stylistique formelle. Tout aussi compliqué est le rapport du réalisme soviétique aux traditions réalistes antérieures dans l’art (et à la réalité elle-même). Il devait présenter une analyse de « la réalité dans son développement révolutionnaire » et « créer une culture des masses qu’il restait encore à créer ». Il n’avait pas pour objet principal la réalité soviétique de son époque, mais le brillant avenir socialiste. Cette ambition utopique et la croyance en le potentiel transformateur de l’art, en plus de son fort caractère collectif, font du réalisme socialiste un projet esthético-politique total et totalitaire. Ou, comme l’a dit le théoricien Boris Groys, il était le « gesamtkunstwerk » (« œuvre d’art totale ») de Staline. Le réalisme socialiste, profondément enraciné dans l’idéologie communiste, n’est pas seulement le fruit de cette idéologie, mais aussi son moyen de production. Cela en fait un exemple de stratégie de propagande unique en son genre.
La campagne pour le maïs
La campagne pour le maïs avait pour objet l’introduction massive du maïs dans l’agriculture soviétique au cours des années 1950 et 1960, dans une tentative de résoudre la pénurie de bétail. C’est le dirigeant soviétique Nikita Khrouchtchev lui-même qui a eu l’idée d’introduire la culture de cette plante étrangère. Lors d’un voyage aux États-Unis en 1955, il avait rencontré un agriculteur, Roswell Garst, qui lui avait expliqué l’importance du maïs pour l’agriculture américaine, et les avantages qu’il y avait à en tirer. Peu de temps après, Khrouchtchev a fait importer du maïs des États-Unis. Le ministère de l’Agriculture a fondé un institut de recherche sur le maïs en Ukraine, a publié une nouvelle revue scientifique sur cette culture et a lancé à son sujet l’une des plus grandes campagnes de propagande de l’histoire de l’URSS. Les journaux abondaient de slogans glorifiant ce nouveau « roi des champs ». Des poèmes, des chansons, des affiches, des bibelots lui étaient consacrés, et même un film d’animation, Чудесница / Chudesnica (« La Merveille »). Le gouvernement entendait par là employer toutes les occasions de rendre cette culture populaire. Mais la propagation massive du maïs ne tenait pas compte du climat local ni des traditions agricoles préexistantes. Au début des années 1960, un quart des terres agricoles étaient occupées par le maïs, ce qui a entrainé une pénurie de blé à l’automne 1962. L’échec inévitable de la monoculture du maïs a provoqué une crise agricole, qui a à son tour mis un terme à la carrière politique de Khrouchtchev.
COLD WAR
CAPITALISM
CULTURE WARS
Guerre culturelle
L'expression « guerre culturelle », est une traduction du terme allemand « Kulturkampf ». Il a été utilisé pour la première fois dans la seconde moitié du 19e siècle pour désigner la lutte de pouvoir entre l'Église catholique romaine et l’État allemand dirigé par le chancelier Otto von Bismarck. Aujourd'hui, ce concept est plus généralement utilisé pour désigner la lutte entre des valeurs culturelles contradictoires au sein d'une même société. Avec sa théorie de l'hégémonie culturelle publiée dans les années 1920, Antonio Gramsci, journaliste, philosophe et politicien italien marxiste, a analysé la manière dont une société culturellement diversifiée est dominée par le groupe qui contrôle les médias, le système éducatif et les autres grandes institutions. Au début des années 1990, le sociologue James Davison Hunter a introduit le concept de guerre culturelle aux États-Unis pour décrire la polarisation de la société selon des lignes idéologiques, qui induit une lutte entre « conservateurs » et « progressistes ». En Belgique, on peut parler de « guerre culturelle » pour décrire les guerres scolaires du 19e et du 20e siècles, conflit qui a opposé l’école publique (laïque) à l’école catholique sur la question de l’enseignement de la religion dans le cursus scolaire et de son subventionnement.
THE NON-ALIGNED MOVEMENT
Le Mouvement des pays non alignés a été officiellement lancé en 1956, lors d’une réunion de cinq chefs d’État sur les iles Brioni, en Yougoslavie : Josip Tito (Yougoslavie), Sukarno (Indonésie), Jawaharlal Nehru (Inde), Gamal Abdel Nasser (Égypte) et Kwame Nkrumah (Ghana). Ils y ont signé l’Accord de Brioni. La première Conférence des chefs d’État ou de gouvernement des pays non alignés s’est tenue à Belgrade en 1961. Ce mouvement s’est inspiré pour ses objectifs des idées exprimées lors de la conférence afro-asiatique de Bandung (1955). Le mouvement des pays non alignés, né dans le climat politique bipolaire de la guerre froide, se proposait d’offrir une « troisième voie » dans les relations internationales. Il se fondait sur les principes de coexistence pacifique et de soutien mutuel, et appelait au respect de la souveraineté et à la non-ingérence dans les affaires intérieures. Le mouvement des non-alignés, l’Organisation de solidarité des peuples afro-asiatiques (Afro-Asian People’s Solidarity Organization, AAPSO) et l’Organisation de solidarité avec les peuples d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine (OSPAAAL) ont collaboré ensemble, même si les membres de l’OSPAAAL ont adopté une position plus radicale et moins conciliante envers le système impérialiste occidental. Le mouvement des non-alignés compte actuellement 120 États membres dans le monde.
NATION
L'État-nation
Un État-nation est une entité politique régie par un État qui exerce son pouvoir sur un territoire délimité et qui entretient des relations internationales avec d'autres États. C'est la paix de Westphalie qui, tout en mettant fin aux guerres de religion européennes en 1648, a dressé le plan d'un nouvel ordre politique fondé sur les principes de la coexistence d’États souverains et de l'autodétermination nationale. Une nation peut également inclure une diaspora ou des réfugiés vivant en dehors de son territoire. Certains États sont des États souverains, tandis que d'autres sont soumis à la souveraineté ou à l'hégémonie d'une puissance extérieure, comme dans le cas d'une colonie, dont l’autorité suprême réside dans un autre État. Un État dans lequel aucun groupe ethnique ne domine peut être qualifié d’État multiculturel.
MIGRATION
La migration
Au moment de la publication de A Seventh Man: Migrant Workers in Europe, en 1975, un ouvrier sur sept travaillant au Royaume-Uni et en Allemagne avait une origine migratoire. John Berger et Jean Mohr examinent les conditions matérielles et l’expérience intérieure du travailleur migrant en nous faisant découvrir son mode de vie, non pas en marge de la société moderne, mais en son centre. Le roman Le Camp des Saints, de Jean Raspail décrit la migration d’un million de personnes quittant l’Inde sur des cargos pour débarquer en France, dans l’espoir d’une vie meilleure. L’aveuglement du gouvernement et de la population a pour conséquence que cette invasion, pacifique en soi, entraine la fin de la nation française et, par ricochet, de la civilisation européenne. Le Camp des Saints parle de la peur de perdre la « pureté raciale et culturelle » de « l’Occident ». Selon Raspail, le danger vient principalement de l’intérieur parce que les artistes, les intellectuels et les médias imposent à la population une attitude tolérante vis-à-vis de l’immigration. Bien que ce livre n’ait pas connu un succès écrasant au moment de sa publication, en 1973, la controverse qui l’entoure, l’évolution du climat politique et l’actualité ont petit à petit fait du Camp des Saints un ouvrage de référence dans les cercles nationalistes, identitaires et suprématistes en Europe et aux États-Unis. Dans Eurabia: The Euro-Arab Axis, Bat Ye’or introduit le concept d’« Eurabie », faisant référence à une Europe islamisée qui finira par s’intégrer pleinement dans le monde arabe. Bat Ye’or fonde sa théorie du complot sur les accords passés entre les dirigeants des pays européens et arabes dans les années 1970 et sur l’ouverture du dialogue euro-arabe. Il aurait, d’après elle, été convenu d’assurer l’approvisionnement en pétrole de l’Europe en échange d’une politique migratoire favorable à une islamisation de l’Europe. En Europe, la théorie du complot de Bat Ye’or et le concept d’Eurabie sont surtout repris par les politiciens des partis d’extrême-droite, et reviennent dans leur discours antimigration et islamophobe.
RELIGION
Religion
La religion est un système socio-culturel qui comprend des pratiques, des conceptions du monde, des rituels et des types d'éthique qui positionnent l'homme comme le destinataire d’enseignements provenant d’ordre d'existence transcendantaux ou spirituels, de dieux ou du divin. La religion et l'adhésion à la foi s’expriment par différentes pratiques dans le monde entier, telles que les rituels, les sermons, l’initiation, les cérémonies commémoratives, la méditation et la prière. Les religions abrahamiques sont des doctrines et des communautés religieuses qui prétendent tirer leur origine des pratiques des anciens Israélites, en particulier les enseignements du patriarche Abraham. Ce sont des religions sémitiques originaires du Moyen-Orient actuel. Les trois plus grandes sont le christianisme, l'islam et le judaïsme. Dans le monde entier, les plus grandes religions sont le christianisme, l'islam, l'hindouisme et le bouddhisme. Cependant, selon certaines estimations prudentes, il y aurait environ 4200 religions dans le monde, et de nouvelles religions et dénominations continuent de naitre. L'athéisme est le déni de l'existence de dieux ou de divinités. Dans certaines sociétés modernes, il existe une multitude de formes d'incrédulité et de foi.
UNIVERSALISM
Universalisme
L'universalisme est un concept philosophique pour lequel existent des faits « universels » pouvant être découverts. Il s'oppose au relativisme qui suppose que tous les faits ne sont que relatifs et n’existent qu’en fonction d’un certain point de vue. Il affirme qu'il existe des normes générales, des valeurs, des systèmes éthiques, etc. qui s'appliquent à tous les peuples et à toutes les cultures, quel que soit le contexte dans lequel ils se trouvent. Il peut s'agir de besoins humains, de droits ou de mécanismes biologiques et psychologiques ; les normes reposent sur l'idée que toutes les personnes sont fondamentalement égales. L'universalisme a été critiqué par les penseurs postmodernes et postcoloniaux, qui trouvent que l’idée selon laquelle certaines idées ou valeurs s’appliqueraient vraiment universellement manque d’éléments probants. Dans son livre European Universalism: The Rhetoric of Power (« L’Universalisme européen : la rhétorique du pouvoir »), paru en 2006, le sociologue et historien économique Immanuel Wallerstein considère l'universalisme comme un successeur du colonialisme, qui permet de parler au nom des pays en développement et justifie l’ingérence dans les affaires d'autres pays. Wallerstein montre comment le monde occidental a tenté à plusieurs reprises de créer des valeurs universelles depuis l’âge des Lumières, qu’il s’agisse du modernisme, une tentative d'inventer un langage (ou un État) universel, ou de l'idée des droits de l'homme. Selon lui, l'universalisme peut être vu comme le passage de la perspective stéréotypée de l’Occident vis-à-vis de l'Orient (qu’Edward Saïd appelle « orientalisme ») à un sens occidental de quelque chose de partagé, mais auquel la personne non occidentale peut ne pas toujours correspondre. L’Occident ayant attribué l’universalisme au statut du droit naturel, il a également le droit d’intervenir dans les pays qui ne le respecteraient pas, soit par l’aide au développement, soit par l’intervention culturelle, voire par la guerre.
Déclaration Universelle Des Droits De l’Homme
Expositions universalistes
Langues universelles
Modernisme
Le modernisme en architecture