MONOCULTURE: CASE STUDIES
Hans Prinzhorn, Bildnerei der Geisteskranken: ein Beitrag zur Psychologie und Psychopathologie der Gestaltung, 1923
En 1922, l’historien de l’art et psychiatre allemand Hans Prinzhorn (1886—1933) a publié Bildnerei der Geisteskranken: ein Beitrag zur Psychologie und Psychopathologie der Gestaltung (« L’art visuel des malades mentaux : une contribution à la psychologie et à la psychopathologie de l’art créatif »). Il s’agissait de la première analyse approfondie des œuvres de malades mentaux d’un point de vue psychologique et esthétique. Ce livre a été réalisé à partir du noyau de la collection originale de l’Hôpital universitaire de Heidelberg, où Prinzhorn travaillait comme médecin assistant. Cette collection comprend des dessins, des aquarelles, des peintures et des sculptures ainsi que des œuvres textiles et des textes. Prinzhorn s’intéressait aux frontières entre l’art et l’expression de soi dans les créations de patients du service de psychiatrie. Son étude richement illustrée a été extrêmement bien accueillie par le monde de l’art de son temps, notamment par les surréalistes. Les réactions de ses collègues ont été plus sobres. En 1938, cinq ans après la mort de Prinzhorn, Carl Schneider, alors chef de l’Hôpital Universitaire de Heidelberg et membre éminent du parti nazi, a envoyé ces œuvres à l’exposition itinérante « Entartete Kunst » (« Art dégénéré »), pour y servir de référence afin de démontrer le caractère « dégénéré » de l’art moderne. L’œuvre de Prinzhorn a bénéficié d’un intérêt renouvelé après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Jean Dubuffet, artiste renommé, s’en est inspiré pour initier sa propre collection d’œuvres de même type, qu’il a décrit comme « art brut », également connu sous le nom d’« outsider art » (« art marginal »).