MONOCULTURE: CASE STUDIES
Benedict Anderson, "Imagined Communities. Reflections on the Origin and Spread of Nationalism", 1983
Avec son livre le plus célèbre, Imagined Communities. Reflections on the Origin and Spread of Nationalism (« Communautés imaginées. Réflexions sur l’origine et la propagation du nationalisme »), le politologue irlandais Benedict Anderson (1936—2015) est allé à contrecourant de la recherche historique de son temps sur le nationalisme. Il a rompu avec l’approche eurocentrique du nationalisme en se concentrant sur le continent américain aux 18e et 19e siècles. Et il a abandonné la perspective purement socioéconomique pour laisser place à une approche culturelle de l’origine du nationalisme moderne. Le point de départ d’Anderson est que le « capitalisme d’imprimerie » (« print capitalism »), né de l’émergence de la presse commerciale qui, en rendant possible une large diffusion des journaux et des romans, a permis aux gens de se sentir membres d’une « communauté imaginée ». Par l’idée de « nation imaginée » (idée souvent mal comprise et traduite à tort par le terme d’« imaginaire », d’inventée), Anderson fait ressortir l’existence d’un lien entre des personnes qui ne se sont jamais rencontrées, ce qui leur donne le sentiment d’appartenir à un groupe doté d’une histoire, de croyances et de coutumes communes. Contrairement à beaucoup de ses collègues, Anderson a abordé en tant que force positive le potentiel qu’a le nationalisme de rassembler les individus de toutes les classes, de sacrifier l’individu au service du collectif. En 1991, un chapitre sur les cartes géographiques, les recensements et les musées a été ajouté à son livre.