MONOCULTURE: CASE STUDIES
Friedrich Nietzsche, Die Geburt der Tragödie aus dem Geiste der Musik, 1930
Friedrich Nietzsche, Die Geburtder Tragödie aus dem Geisteder Musik (The Birth of Tragedy from the Spirit of Music), ca. 1930
Published by Verlag von Philipp Reclam
Collection M HKA, Antwerp
Friedrich Nietzsche (1844-1900) est l’une des figures les plus ambigües et les plus influentes de la pensée moderne. Beaucoup de gens font appel à ce philosophe, mais souvent de manières très différentes et ambivalentes. Sa pensée a été très tôt associée au nazisme, idéologie promue par sa sœur Elisabeth Förster-Nietzsche, laquelle a édité à titre posthume ses œuvres inédites en les faisant coïncider avec ses propres idées nationalistes, tout en passant sous silence l’opposition de Nietzche au nationalisme et à l’antisémitisme. Sa première œuvre, Die Geburt der Tragödie (« La Naissance de la tragédie ») est une étude de l’origine et du développement de la tragédie grecque. Nietzsche y déconstruit la perception idéaliste dominante de la culture grecque en tant que reflet de l’ordre et de l’optimisme. À cette conception, il oppose la dichotomie grecque de ce qu’il appelle les éléments apolliniens et dionysiaques. Le premier est associé à l’individualisation, au contrôle, à l’harmonie et à l’ordre ; le second, principe opposé, fonctionne comme une force chaotique, décomposition extatique de l’individualité. Jenseits von Gut und Böse (« Par-delà le bien et le mal ») est une critique féroce de la religion, de l’éthique, de la philosophie, de la science et de la politique. Nietzsche y présente un rapport « généalogique » du développement des systèmes moraux modernes, et note qu’il s’est opéré un changement fondamental dans l’histoire de la morale : l’opposition entre « le bon et le mauvais » a cédé la place à celle entre « le Bien et le Mal ».