Hüseyin Bahri Alptekin
Sous le titre collectif d’Incident-S, Alptekin a produit une série d’œuvres qui comprend aussi bien des vidéos que des textes brodés sur des draps d’hôtel. Les vidéos, qu’il a filmées tout autour de la planète, mais chacune dans un lieu différent, capturent des moments insignifiants, banals, fortuits, souvent à propos de sujets insignifiants : un sans-abri qui traîne devant l’atelier de l’artiste, un arbre qu’on est en train d’élaguer ou des images de personnes disparues affichées dans des rues au Kosovo.
Les vidéos Incident-S Ipanema et Incident-S Bombay ont toutes deux la mer pour sujet. Tournée chacune ailleurs, mais plusieurs heures durant, elles montrent différents individus dans leur propre microcosme ; elles interrogent ainsi l’universalité de l’expérience et utilisent le quotidien comme une sorte de matière humaniste.
Ces vidéos furent présentées dans l’installation peut-être la plus ambitieuse d’Alptekin, Don’t Complain/Georgia on my Mind, réalisée pour le pavillon turc de la Biennale de Venise en 2007. Il a installé les vidéos dans des espaces dont la structure ressemblait à un restaurant divisé en plusieurs salles à manger privées qu’Alptekin a vu en Géorgie. Cet aménagement du lieu, typique dans le Caucase, permet à chaque groupe de convives de partager de manière systématique une expérience commune d’intimité.
La série de draps brodés poursuit cette réflexion sur l’expérience du quotidien à travers une gamme de mots génériques liés à n’importe quel scénario spécifique. Pour certaines séries d’œuvres, Alptekin créait des titres avec le terme « Fact » (fait) suivi d’une lettre qui revenait dans différents mots ayant trait à la même recherche, comme la série H-Facts (Horses, Heroes…) ou B-Facts (Bunker, Balkans…). Ici, le « S » majuscule en postposition fait référence au pluriel de chaque mot utilisé – pluriel qui souligne la multiplicité des expériences.