MONOCULTURE - ARTWORKS

©Courtesy of the artist and Seventeen Gallery. Image: the artist
From the Underground, 2001
Video

La vidéo de David Blandy From the Underground est une œuvre formatrice de l'artiste qui explore les notions de soi et d'altérité, notamment en ce qui concerne notre rapport à la culture populaire. Quelle part de notre identité est-elle définie par la spécificité culturelle des médias de masse, et y a-t-il des limites imposées à la formation de nos identités ? Dans la vidéo, l'artiste descend dans le métro londonien et monte dans un wagon, le tout en interprétant en playback et de façon expressive les paroles de la chanson rap Bring Da Ruckus du Wu-Tang Clan dans toute leur profanité. L'apparence de britannique blanc de classe moyenne de Blandy va mal avec le stéréotype du fan de hip-hop underground. Il utilise cependant son authentique statut de fan pour mettre en avant sa relation avec les cultures d'autres communautés et contextes, et en particulier les réalités de la race. Blandy reconnaît sa dette envers la musique hip-hop qui l'a formé et qui l'a inspiré à utiliser l'appropriation comme un moyen de contourner le mythe moderniste de l'originalité de l'avant-garde. Il est en même temps conscient de sa propre aliénation par rapport à la forme du fait de sa catégorie sociale, ses privilèges, son lieu de résidence et son appartenance ethnique. La sincérité et l'intensité de la représentation sont évidentes, mais ce n'est pas tout à fait suffisant pour transcender ces frontières. Dès la dernière minute de l'œuvre, il est évident que l'artiste est conscient du côté pathétique de cet échec. Réalisée en 2001, From the Underground est une œuvre d'art qui pourrait aujourd'hui être intégrée dans les débats sur « l'appropriation culturelle ». Cette notion considère le côté éthique de l'adoption d'éléments d'une culture par une autre et évalue si, en raison des niveaux de domination sociale qui pourraient permettre cette appropriation, celle-ci est inappropriée. Dans l'art contemporain en particulier, le débat tourne autour de la question de savoir s'il doit y avoir des limites à la liberté artistique en fonction des niveaux de privilège de l'auteur, ou si l'appropriation et l'inspiration doivent faire naturellement partie du processus artistique. Cette idée est encore plus compliquée dans From the Underground si l'on note que le Wu-Tang Clan, comme son nom l'indique, adopte dans sa musique des références et l'esthétique des films asiatiques classiques de Kung Fu.